Résumé partie n°1 : Eaux Ecarlates

Ma vengeance arrive à sa fin.

Je m'appelle Braenn et je suis une elfe des bois. Cela faisait des années que je traquais les assassins de ma famille, un groupe d'humains malfaisants qui s'éparpilla à la suite de ce crime odieux. A force d'efforts, j'avais fini par tous les retrouver et ils avaient payé. Tous sauf un, Malorn le borgne.

A peu près sûre qu'il se rendrait à Dale pour la première commémoration de la bataille des cinq armées, je décidai de m'y rendre également, dans l'espoir d'enfin mettre la main dessus.

Je fis donc étape à Esgaroth, où j'en profitai pour rentre visite à un vieil ami, Joar. Drôle de bonhomme, ce Joar. J'avais fait sa connaissance sur les routes, alors qu'il voyageait avec son inséparable roulotte, cette "échoppe des mystères", où l'on trouve toujours toutes sortes de choses, à des prix plus ou moins farfelus. L'union faisant la force, nous avions fait un long bout de route ensemble, et nous devînmes plus ou moins amis.  Cet homme jovial, quoiqu'un peu filou à mon goût, fut le premier humain non malfaisant que je rencontrai, et grâce à cette rencontre, je réalisai bien vite qu'il qu'il y en avait beaucoup d'autres. Une grande majorité, en fait.

Mais revenons-en à ce récit. Je le trouvai donc en bien curieuse compagnie, avec le jeune Ricfried, cet homme des bois que j'avais rencontré une fois, alors que nos clans respectifs s'étaient alliés pour éradiquer une bande d'immondes araignées qui avait eu la bonne idée de s'établir le long d'une route assez fréquentée. Il y avait aussi ce Nain, Farin, fils de Fralin, marchand de son état, personnage ma foi fort bavard, même pour un de ces insupportables Nains, mais allez savoir pourquoi, celui-ci me parut tout de suite sympathique, sans nul doute grâce à ces sobriquets paternalistes dont il affublait tout le monde. Tout autre personne qui aurait osé m'appeler "Drôlesse" aurait goûté de ma lame, mais dans la barbe de gentil rustre, cela passait plutôt bien, finalement... Il y avait également avec eux un autre homme des bois, Grimwald, plutôt discret, en pleine force de l'âge (pour un homme), assez peu loquace mais qui affichait d'emblée un air franc, du genre à qui l'on aurait presque envie de faire confiance.

J'arrivai à un moment crucial : tout ce petit monde avait décidé de se rendre à Dale pour la fête. Cela tombait fort bien : cela m'éviterait de voyager seule. Toutefois la discussion battait son plein : allait-on y aller par le fleuve, ou par la route ? Il y avait clairement désaccord entre Fralin et Joar. Le premier voulait absolument y aller par la route, tandis que le second soutenait mordicus qu'il fallait absolument y aller par le fleuve en raison de la rapidité de ce mode de locomotion. Je pense que la principale motivation de maître Nain résidait plus dans la peur culturelle de l'eau de sa race, plutôt qu'en des fins commerciales, à l'instar de Joar. Cette assommante discussion se solda finalement par la décision d'y aller par la route, je ne sais plus pour quelle raison, et peu me chaut d'ailleurs, puisque je ne comprendrai apparemment jamais rien à toutes leurs histoires de commerce, d'emplacement, de roulottes et autres...

Le départ fut donc fixé au lendemain. Les deux marchands de notre curieuse communauté avaient accepté de prendre avec eux cette vieille veuve, Vétis et son insupportable moutard, Jarvie. Apparemment, le mari de cette femme avait participé à la bataille des cinq armées et y avait laissé la vie. De quoi perturber cet enfant. Je lui fis néanmoins comprendre très rapidement qu'il n'avait aucun intérêt à m'adresser la parole.

Nous partîmes donc au petit matin, avec pour objectif l'auberge du Dragon ailé, que nous devions atteindre au soir du premier jour de voyage. Lorsqu'on voyage de la sorte, rien ne se passe jamais comme prévu. A commencer par la météo. Nous fûmes donc surpris par un grain qui nous força à faire halte dans une misérable ferme, tenue par un non moins misérable fermier craintif. Si craintif qu'il n'osa pas nous refuser sa misérable hospitalité, ce qui nous permit de faire l'indispensable connaissance de son insignifiante et gangrenée épouse. Pourquoi Ricfried décida de la soigner, je l'ignore, tout comme j'ignore encore pourquoi les autres lui ont fait la leçon sur le fait que sa piètre femme devait se reposer pour espérer guérir. Je ne vois vraiment pas en quoi nous étions concernés... Mais bon, ils l'ont fait. Les humains et les nains ont parfois cette drôle d'instinct qui les pousse à venir en aide à des tiers alors qu'il n'y ont aucun intérêt... Etrange. Cela déteindra t il sur moi ? Rien n'est moins sûr.

La nuit passée, nous pûmes reprendre la route. (Pourquoi ce nain se sent-il obligé de graver des trucs sur les portes des granges, au fait ? Il est resté assez évasif sur le sujet... Il faudra que je le cuisine à la bière, un de ces soirs...)
Du coup, nous avions projeté de faire une pause méridienne au Dragon ailé, mais puisque rien ne se passe jamais comme prévu lorsqu'on voyage, nous n'en fîmes rien : nous trouvâmes l'auberge brûlée, pillée par des saletés de gobelins. Il y avait un survivant, qui nous confirma d'ailleurs la chose, mais il était trop grièvement blessé pour être sauvé. Et comme j'ai horreur des jérémiades des mourants...

Il y avait également dans la cave des survivantes, deux, avec un moutard. Apparemment, ces horribles gobs avaient fait des prisonniers. Etrange. Les gobs ne se donnent pas cette peine, en principe. Ce témoignage fut confirmé par les traces trouvées par Ricfried : six ou sept immondes gobs, flanqués sans doute d'un sale orque et d'un ignoble warg. Bon. Nous aurions pu poursuivre notre route, donner l'alerte au roi de Dale, puisqu'après tout, il n'était pas supposé y avoir ces erreurs de la nature par ici. Mais une des rescapées me confirma qu'un notable était parmi les prisonniers et que ce notable était borgne : pouvait-il s'agir de l'honni Malorn ? Il me fallait en avoir le coeur net, aussi j'encourageai mes compagnons à nous lancer à la poursuite de ces résidus vivants. Et puis une fois l'auberge reconstruite, nous y gagnerions une invitation permanente, ce qui peut toujours être utile, non ?

Ainsi fîmes nous.

Nous mîmes environ une journée et une nuit pour rattraper ces déchets vivants. En suivant leurs traces nous nous aperçûmes que le warg avait bifurqué vers une autre direction. Une horreur de moins à abattre. Ils avaient laissé en arrière garde trois de ces abominables gobs. Nous n'en fîmes qu'une bouchée, avant de poursuivre le reste de leur groupe immonde jusqu'à un bois où nous trouvâmes les prisonniers.

Hélas, sous-estimant ces étrons verts, nous fonçâmes tête baissée pour libérer les otages, tombant du mêmes coup dans l'embuscade tendue par ces cafards. Tout se déroula très vite. Je me trouvai face à un grand orque dégueulasse auquel j'assénai un grand coup d'épée. Ce ne fut hélas pas suffisant et sa riposte fut pour le moins vigoureuse. Je me rappelle encore des mille chandelles que je vis suite à son coup de couperet. Heureusement que mes compagnons expédièrent rapidement les petites blattes gobs : ils vinrent ainsi rapidement à mon secours, malmenant suffisamment mon ennemi pour me permettre de trouver la faille et l'expédier en enfer... Je dois avouer que je ne pensais pas un jour devoir être reconnaissante à des humains, et encore moins à un nain. Je ne l'oublierai pas.

Remise de mes émotions, mais pas de mes contusions, j'assistai à l'interrogatoire des prisonniers, et notamment du borgne.

Horriblement déçue, je constatai que le borgne n'était pas celui que je cherchais. Nous avions fait tout cela pour rien, hormis pour constater que mes compagnons méritaient vraiment mon estime.

Ce borgne s'appelait Tostal, maire d'un bled au pied des montagnes grises. Apparemment, il se rendait à Dale pour apporter à Daïn Pied de Fer (un nain du coin ?) une carte de mines d'argent, espérant avoir je ne sais quelle permission d'exploitation... Troisième fait étrange, il semblait que les immondices que nous avions occis en avaient après cette carte. Pas exactement leur style, d'habitude. Apparemment, l'affreux warg était monté par un autre grand orque encore plus dégueulasse à crinière blanche, un certain Rikos (alors ces sous-merdes auraient aussi des noms ?) qui aurait emporté la carte...

Sur la route vers Dale, nous fûmes pris en charge et escortés par des hommes du Roi Barde, que nous eûmes l'honneur de rencontrer et à qui nous fîmes notre rapport. Le roi décréta que  nous étions des héros et nous offrit gîte, couvert et soins. Beaucoup trop, si vous voulez mon avis. Pour ma part, mes motivations étaient et restent toujours bien méprisables, mais que voulez-vous, la haine est une motivation vile, certes, mais inébranlable. Fait intéressant à notifier, sa majesté était flanqué d'un Nain bardé de métal que je ne connaissais pas, et d'un elfe notable parmi mon peuple, le fameux Legolas.

Nous eûmes encore l'honneur, à la sortie, de rencontrer Mithrandìr (que d'honneur décidément) à qui nous parlâmes de cette carte et de cette raclure orque à crinière blanche. Comme nous, Mithrandìr trouva cela étrange, avec un air je ne sais quoi d'entendu, sans pour autant en dire plus... Comme à son habitude.

En attendant, il semble que ma vengeance doive encore attendre un peu. Mais que Malorn soit tranquille : il ne perd rien pour attendre. Vingt ans plus tard, il va finir par atteindre le crépuscule de son insignifiante vie... Si les années risquent de me priver du plaisir de lui faire chèrement payer son crime, le temps joue contre lui, en revanche. J'espère juste que j'aurai autre chose qu'un vieillard sénile à tuer... Les vieux ne crient plus assez fort pour accompagner la joie de les faire passer de vie à trépas.

Excellent comme d'habitude.
Il est vrai que nombre de questions initiées par ce scénario restent sans réponse........... pour le moment.
Un réel plaisir de joueur ce court scénario. Mais preuve est que je me dois de travailler encore plus certain points. Je croyais cette poursuite simple à gérer et pourtant, cette partie qui devait être pleine de précipitation, d'inquiétude fut relativement plate.

En même temps, ce genre de passage est toujours difficile à faire jouer, depuis un scénar qu'on n'a pas conçu soi-même. Les joueurs ne font jamais ce qu'il faut quand il le faut. De plus, nouveau jeu, nouvelles règles, avec un système sympa par certains côté, mais qui me semble encore étrange par d'autres aspects... J'ai du mal avec le fait de devoir créer une communauté qui de fait est artificielle AVANT de jouer... Tout comme j'ignore ce que "jouer" une phase de communauté veut dire : où est le RP là dedans ? J'ai vraiment peur que ça nous flingue des soirées entières au détriment du jeu... Tu as par ailleurs évoqué des règles de voyage : là encore cela me semble bien étrange...

Bref, et mis à part également le système de création de personnages qui me laisse l'impression de jouer du pré-tiré, la séance d'hier a piqué ma curiosité, en même temps qu'elle a ravivé mes craintes éprouvées l'an dernier (tu passeras le bonjour à Raf, au fait )

Ceci étant, très bon moment, et je le répète, vivement le 8.

Excellente première session en ce qui me concerne, peu importe la poursuite.
Merci pour ce très chouette résumé François.
ET vivement le 8 !!

Brother a écrit:... la séance d'hier a piqué ma curiosité, en même temps qu'elle a ravivé mes craintes éprouvées l'an dernier (tu passeras le bonjour à Raf, au fait )

Comment ça "ravivé mes craintes de l'an dernier"???

Brother a écrit:Ceci étant, très bon moment, et je le répète, vivement le 8.

Merci. Il est vrai que j'ai besoin de ressentir mes joueurs demandeur pour la séance suivante. Ça donne du courage pour la suite.

No panic, amigo

Comme je l'ai déjà écrit et dit, lorsque je dis "craintes", je pense aux phases de communauté et aux règles de voyage : je ne vois pas de rp là-dessus.

Du coup, je crains des moments de jeu très "techniques", du genre qui te flinguent une soirée... Mais en même temps, je suis curieux de voir comment ça va se passer.

Finalement, les mêmes choses que l'an dernier, et comme nous n'avons pas eu l'occasion de tester, j'en suis resté au même point là-dessus...

Brother a écrit:Du coup, je crains des moments de jeu très "techniques", du genre qui te flinguent une soirée...

Non, aucun risque de flinguer une soirée à cause de la préparation d'un voyage. Certes, ce point de règle ne passera pas inaperçu, mais ne durera pas plus de cinq à dix minutes. Pour plus de précision, je parle en détail de ce point de règle [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien].
Et cette règle demeure un excellent moyen d'appréhender le voyage, avec ses dangers et la fatigue qu'il implique. Le voyage ne sera plus à prendre à la légère.